• A Artemare, non loin d’une source qui jaillit au creux d’un rocher et ne tarit jamais, s’élève un oratoire qui attirait jadis de nombreux pélerins. Ce monument, très ancien, tomba en ruines, mais le curé du lieu le fit reconstruire et les pieux visiteurs revinrent. La source serait due à saint Martin.

     

    Artemare ( entrée du village )

     

    Artemare ( entrée du village ).

     

    Saint Martin, monté sur sa mule, arriva un jour près d’un village. Il faisait une chaleur torride, et le saint et la bête avaient grand soif et tiraient une langue plus sèche qu’une râpe exposée au soleil. Et pas une goutte d’eau le long de leur route. Martin, qui songeait peut-être alors aux tourments des damnés, rencontra enfin une femme qui portait une amphore pleine d’eau. Il demanda poliment un peu du précieux liquide, pour lui et sa monture. La femme refusa durement, disant que la source était loin. Le saint n’insista pas et s’éloigna en murmurant

    «Je laisse mon nom au village;

    A ma fête chacun paiera

    Très exactement son fermage.

    Rira bien qui dernier rira «.

     

    Au bout d’un moment, le saint homme voit venir,

     

    «Comme une autre Samaritaine

    Une fille aux longs cheveux noirs

    Qu’on eût prise pour une reine,

    Ses yeux ont la douceur des soirs»;

     

    Il l’accoste - voyez-vous ça ! - et la tutoie ! :

     

    «De grâce, donne-nous à boire !

    La jeune fille en rougissant,

    Au-dessus de son front d’ivoire,

    Lève les bras et saisissant

     

    L’amphore à l’eau frîche et limpide

    L’offre à Martin. Martin y boit,

    Dans un creux du chemin la vide

    Et sa mule boit par surcroît».

     

    Le saint remercia la jeune fille et lui laissa un beau cadeau: il fit jaillir du rocher voisin une source à laquelle la douce enfant put remplir son amphore. Qu’avait-il besoin d’attendre l’arrivée d’une jouvencelle, dirot certains; il pouvait opérer ce miracle avant, afin d’apaiser plus tôt sa soif et celle de sa mule ? Martin voulait trouver une âme charitable, avant d’accomplir son miracle.

     

     

    Au soir d’une journée glaciale, saint Martin arriva à Don. Comme il avait froid et faim, il frappa à la porte de la première maison qu’il vit. Une vieille femme riche refusa de le laisser entrer et le traita de vagabond. Il continua son chemin et trouva une pauvre chaumière. Là, il fut accueilli aimablement, partagea le frugal repas d’une famille de journaliers et put dormir quelques heures. Quand il s’éveilla, ses hôtes étaient au travail. Les deux époux mettaient la laine de leurs moutons dans un sac. Avant de partir, le saint remercia ces braves gens, et leur dit :

     

    - Ce que vous ferez avant le lever du soleil, vous continuerez de le faire toute la journée.

     

    Il s’éloigna sur ces mystérieuses paroles et le soleil parut pendant que chacun était à l’ouvrage. La laine envahissait la chaumière. Tant et si bien que, le soir, les pauvres gens étaient devenus riches.

     

    Bien sûr, le miracle fut connu de tout le monde et la vieille avare regretta amèrement d’avoir raté une si bonne occasion. Quand saint Martin revint au bout d’un an, la vieille rapace s’empressa de le recevoir lorsqu’il frappa à leur porte. Il fut soigné comme un coq en pâte. En s’en allant, il répéta ce qu’il avait dit aux gens des chaumières. Aussitôt, la vieille se mit à compter et recompter son magot. Mais elle dut interrompre ses passionnants calculs pour aller satisfaire un impérieux besoin.

     

    Malheur ! juste à ce moment-là, le soleil se leva. Et cette occupation «accessoire» devint définitive, puisqu’elle donna naissance au ruisseau d’Arvière ... qui coule toujours !

    

    Artemare ( le Séran )

     

    Le Séran, à Artemare ( Le ruisseau d'Arvière est son affluent ).

     

    * " Légendes de la Bresse et du Bugey " Gabriel Gravier.


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  • La légende du Bugey raconte que Bugia, compagne de Bel, fils de Japhet, petit-fils de Noé, a donné ainsi son nom au Bugey :

     

    Bel et Bugia ayant décidé leur départ, à la dispersion des petits-fils de Noé, Japhet s’avance à son tour pour les bénir et, par un fil, il suspend au cou de sa bru un sachet en peau de gazelle. "Portez-le", dit-il, "jusqu’à ce que vos regards embrassent le pays du rêve et du désir. Là seulement, vous l’ouvrirez pour en répandre le contenu sur le sol. Il renferme de précieuses reliques du Paradis terrestre et de l’Arche, qui ajouteront encore à la beauté et à la richesse du pays que vous aurez élu". Durant des mois, Bel et Bugia marchèrent dans une nature hirsute, broussailleuse, sans une fleur, dans le vent, les pierres, les sables. Or, un soir, presque épuisée, Bugia, gravissant une montagne, s’arrêta au sommet et s’écria : "Regarde !" Bel releva le front. Son visage se transfigura soudain. À ses pieds s’étendait une vallée sur laquelle, des hauteurs du ciel bleu se déversaient les flots de pierreries d’un splendide arc-en-ciel. La vallée était immense, fertile, charmante. "C’est ici, Bel, qu’il faut nous arrêter. C’est ici que je souhaite vivre". "Oui", dit Bel, "et nous l’appellerons de ton nom, Bugia". Et Bugia vida le contenu du sachet, les graines se répandirent sur le sol, les ceps s’enfoncèrent dans la terre…et le lendemain matin, le Bugey s’éveilla couvert de vignobles, d’arbres fruitiers, de pampres, de cerises, d’épis de blé, de fleurs, qui emplirent dès cet instant cette terre privilégiée.

     

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    Vignes à Parissieu.

     

    Artemare

     

    Champ de coquelicots vers Artemare.

     

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    Mon cerisier en fleurs.

     

    DSCF1746.JPG

     

    Mon cerisier en ... cerises.

     

    Tournesol

     

    Tournesols à Brens.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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