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La plate de Hippolyte Bourgey
En 1938, Hippolyte Bourgey, agriculteur et patron d'une scierie à Brangues ( Isère ), commande cette plate pour transporter les récoltes de foin et de pommes provenant des 3,5 hectares de terre qu'il possède sur l'île du Grand Brotteau ( Saint-Benoît, Ain ). Il la met en service sur un bras du Rhône ( la lône des Chèvres ) entre l'île et la rive gauche du fleuve où elle est amarrée en permanence.
La plate navigue jusqu'en 1964 où, très usée et prenant l'eau, elle est tirée sur une plage de galets en amont de son port. Elle ne sera jamais réparée car elle est devenue un outil agricole obsolète avec la disparition de la petite polyculture dans les campagnes françaises. Recouverte par les limons ( 2 mètres d'épaisseur ) du fleuve, elle revoit le jour en janvier 2009 par la volonté de la Communauté des communes Terre d'Eaux. La famille Bourgey la transmet au musée Escale Haut-Rhône ( Brégnier-Cordon ) qui, désormais, assure la conservation et la valorisation de ce patrimoine rhodanien.
Légèrement en berceau, la plate n'a ni proue ni poupe ( amphidrome ). Elle mesure 10 m de long pour une largeur de 3 m en son milieu et une profondeur de 0,75 m. Elle est constituée de 110 pièces en chêne dont 14 épars et 32 courbes qui assurent la solidité de la sole ( 32 m2 ). A chaque extrémité, deux solides ferrures font la liaison pivot avec un pontet ( 1,5 m de long ) qui se baisse pour l'embarquement et le débarquement de 2 chevaux attelés à un char de foin, une faucheuse ou un râteau mécanique. Il se relève à la façon d'un pont levis et deux crochets intérieurs le maintiennent levé pendant la traversée.
Une plate est un bateau uniquement traversier qui ne vogue pas à force de rames sur le fleuve. Elle fait des rotations entre deux berges, mue par la force motrice du courant. Elle a besoin d'une traille, gros câble en fer tendu à 7 mètres de hauteur entre deux arbres. Elle est reliée à un câble d'un diamètre plus petit ( le traillon ) qui glisse sur la traille à l'aide d'une poulie. Avec la rame gouvernail ( empeinte : 4,5 m de long ), il suffit de la maintenir en oblique dans le sens du courant qui en faisant pression sur son arrière, la fait avancer latéralement. La plate est appelée maintenant bac à traille.
Tags : plate, traille, long, deux, bourgey
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Commentaires
Nous avons encore de nombreux bac actuellement pour traverser la Seine, ils ont bien changé avec le temps, ta carte postale est très belle je la verrais bien avec les miennes dans mon album Si elle t'appartient conserve là précieusement elles sont très recherchées.
Bises
Super documenté et intéressant!
Il y a des bâteaux appelés plates aussi par chez nous, utilisés sur les canaux des marais mais elles sont de vrais bâteaux, pas seulement des traversiers.
Merci pour ce retour dans le temps.
Amitiés de Mimi.Très instructif, merci pour ce partage! et une belle carte ancienne! Bon dimanche, amicalement.
Bonjour Nathie, merci pour ce reportage très intéressant, je ne connaissait absolument ce moyen de transport. Gros bisous. Ginette
Magnifique carte postale ancienne pour illustrer tes explications. C'est donc une petite arge de passage. Chez nous les plates correspondent à des annexes de bateau que tu meux à la godille pour regagner le bateau. Ces plates sont également appelées "lave cul", car il est rare que le passager d'une telle embarcation n'ait pas le derrière humide d'eau de mer. Bises et bon dimanche Nathie
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Bonsoir Nathie,
un vrai morceau d'histoire, et un beau patrimoine remis en état, ça c'est une bonne nouvelle.
Je vais avoir l'air de dire des bêtises mais tant pis, le seul endroit où j'ai vu ces embarquations, c'est la télé, dans les westerns ...! Il me semble qu'ils sont vraiment identiques.
Gros bisous du soir, en te remerciant