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Par nathie01300 le 29 Mars 2011 à 20:54
J'ai vu le menuisier.
J'ai vu le menuisierTirer parti du bois.
J'ai vu le menuisier
Comparer plusieurs planches.
J'ai vu le menuisier
Caresser la plus belle.
J'ai vu le menuisier
Approcher le rabot.
J'ai vu le menuisier
Donner la juste forme.
Tu chantais, menuisier,
En assemblant l'armoire.
Je garde ton image
Avec l'odeur du bois.
Moi, j assemble des mots
Et c'est un peu pareil.
Eugène Guillevic.
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Par nathie01300 le 29 Mars 2011 à 19:00
" Tous les arts doivent s'aider l'un l'autre dans l'appréhension du futur ".
Dans le cadre du Printemps des Poètes, la ville de Belley rend hommage au poète Eugène Guillevic.
Eugène Guillevic est né à Carnac le 5 août 1907.
Après un baccalauréat de mathématiques, reçu au concours de l'Administration de l'Enregistrement, il passe toute sa vie dans les administrations. En 1935, il est nommé au ministère des Finances et des Affaires économiques. A partir de cette date, il vit à Paris. Il prend sa retraite d'inspecteur de l'Economie nationale en 1967. Il mène donc de front ses deux carrières, celle de fonctionnaire chargé de lourdes responsabilités et celle de poète.
En 1969, il rencontre Lucie Albertini, belleysanne.De 1972 à 1996, il passe ses vacances estivales à Belley et se ressource dans le Bugey. Les paysages et l'atmosphère de notre région lui inspirent des poèmes et élargit ainsi son oeuvre.
Auteur reconnu, il reçoit le grand prix de poésie de l'Académie Française et le grand prix national de poésie.
Eugène Guillevic est décédé le 19 mars 1997 à Paris.
Du 19 mars au 15 avril, la médiathèque de Belley propose une exposition sur le poète et ses oeuvres. Je vais tenter de lui rendre hommage dans de prochains articles en vous faisant découvrir certains de ces poèmes agrémentés de paysages bugistes.
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Par nathie01300 le 14 Mars 2011 à 10:31
Pour la communauté " Le casse tête de la semaine " traitant du rêve, j'ai tout de suite pensé poème.Verlaine en a composé un qui illustre bien ce thème.
L'amour n'est-il pas un doux rêve ?
Mon rêve familier.
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime,
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.Car elle me comprend, et mon coeur transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore,
Comme ceux des aimés que la vie exila.Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.Paul Verlaine, Poèmes saturniens ( 1866 ).
" Corinne " dans la " chambre d'amour ", sculpture de Jacques Coquillay.
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Par nathie01300 le 14 Mars 2011 à 10:07
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?
Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !
Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :
« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !
« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.
« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.
« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »
Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus !
Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?
Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous, que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !
Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux.
Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés.
Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !Alphonse de Lamartine ( 1790-1869 ).
Méditations poétiques ( 1820 ).
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Par nathie01300 le 23 Janvier 2011 à 19:24
Hugues Aufray ( 1999 ).
Pour mon amie, Dany.
Ecoutez cette histoire
Que l'on m'a racontée.
Du fond de ma mémoire,
Je vais vous la chanter.
Elle se passe en Provence,
Au milieu des moutons,
Dans le sud de la France,
Au pays des santons.Quand il vint au domaine,
Y avait un beau troupeau.
Les étables étaient pleines
De brebis et d'agneaux.
Marchant toujours en tête
Aux premières lueurs,
Pour tirer sa charrette,
Il mettait tout son cœur.
Au temps des transhumances,
Il s'en allait heureux,
Remontant la Durance,
Honnête et courageux
Mais un jour, de Marseille,
Des messieurs sont venus.
La ferme était bien vieille,
Alors on l'a vendue.
ll resta au village.
Tout le monde l'aimait bien,
Vaillant, malgré son âge
Et malgré son chagrin.
Image d'évangile,
Vivant d'humilité,
Il se rendait utile
Auprés du cantonnier.
Cette vie honorable,
Un soir, s'est terminée.
Dans le fond d'une étable,
Tout seul il s'est couché.
Pauvre bête de somme,
Il a fermé les yeux.
Abandonné des hommes,
Il est mort sans adieux.Mm mm mmm mm...
Cette chanson sans gloire
Vous racontait la vie,
Vous racontait l'histoire
D'un petit âne gris...
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